Rabu, 28 Agustus 2013
Le G20 prudent face à la finance parallèle
LONDRES (Reuters) - Les dirigeants du G20 s'apprêtent à opter pour une réglementation a minima des activités bancaires parallèles, pourtant tenues en partie responsables de la crise financière de 2008, de peur de tarir les flux financiers et de compromettre la stabilisation de l'économie mondiale.
Le système bancaire parallèle, le 'shadow banking' qui recouvre un ensemble disparate d'intermédiaires réalisant quelque 60.000 milliards de transactions financières par an, soit l'équivalent de la richesse produite dans le monde chaque année, demeure une source de risque systémique.
Ces intermédiaires, qui regroupent les fonds à effet de levier (hedge funds), les fonds monétaires et les promoteurs de fonds structurés, financent le secteur financier mais contrairement aux banques et autres acteurs traditionnels, ils n'ont pas accès au refinancement des banques centrales et ne sont pas couverts par des systèmes de garantie.
Ils dépendent le plus souvent de sources de financement à court terme comme les marchés de prises en pension et de prêts de titres où l'emprunteur cède au prêteur des titres comme collatéral pour les racheter à une date et un prix fixés à l'avance.
Lors de leur réunion des 4 et 5 septembre à Saint-Pétersbourg, les dirigeants du G20 adopteront une série de réformes de cette finance parallèle mais se garderont de mesures trop radicales de peur de fragiliser un système financier mondial encore convalescent, selon des sources au fait des discussions préparatoires.
Le recours par les banques à des véhicules hors-bilan pour reconditionner et revendre les prêts hypothécaires américains à risque a certes joué un rôle central dans le déclenchement de la crise financière de 2007. Mais ces techniques de financement parallèle regroupées sous le terme de titrisation constituent aussi pour les banques des sources de financement alternatives au refinancement des banques centrales.
"On fait grand cas de cela à cause de la crise de 2008 qui était essentiellement une crise de la finance parallèle, la majeure partie des crédits aux Etats-Unis et au Royaume-Uni étant alors financés par des prises en pension à court terme", relève Alistair Milne.
"La réforme de la finance parallèle consiste surtout à éviter les problèmes à l'avenir, ils peuvent donc se donner un peu plus de temps", ajoute ce professeur d'économie financière à l'université de Loughborough et ancien responsable de la Banque d'Angleterre et du Trésor britannique.
Avec les accords dits de Bâle III, les régulateurs ont adopté un nouveau cadre réglementaire pour les activités bancaires traditionnelles en un temps record.
La position commune qui s'impose de plus en plus au sein du G20 est que la réforme plus complexe de la finance parallèle doit être centrée sur les activités elles-mêmes et non pas sur les institutions comme cela a été le cas pour les activités bancaires traditionnelles.
PAS DE "LISTE NOIRE"
"S'en tenir à renforcer les exigences de fonds propres ne marchera pas car ce ne sont pas les entités qui sont en cause mais principalement des marchés, des transactions interdépendantes et des réseaux", souligne Andres Portilla, directeur des questions réglementaires à l'Institute of International Finance, qui réunit certaines des plus grandes banques et compagnies d'assurance et défend leurs intérêts.
Le lobbying en marge de la préparation du G20 a d'ailleurs été intense.
Les hedge funds, les grands fonds monétaires et les prêteurs de titres comme BlackRock font valoir qu'ils n'ont pas eu de rôle déterminant dans la crise financière. Ils rejettent même les termes de "finance parallèle" ou de "finance de l'ombre" qu'ils jugent péjoratifs, préférant parler de "finance de marché".
Le G20 a établi une liste des grandes banques et compagnies d'assurance qualifiées de systémiques et qui doivent détenir un surcroît de fonds propres en raison des conséquences que leur éventuelle défaillance aurait pour la stabilité du système financier mondial.
Les régulateurs britanniques ont déjà compilé des données sur les hedge funds mais n'en ont trouvé aucun de systémique jusqu'à présent.
Le G20 ne devrait pas opter pour une approche en termes de "liste noire" en ce qui concerne la finance parallèle mais plus vraisemblablement approuver un cadre de surveillance général avec des outils optionnels destinés à empêcher le secteur de mettre en danger la stabilité financière, selon des sources au fait des discussions.
Les hedge funds et les firmes de courtage qui ont utilisé le marché du repo pour atteindre des niveaux de levier excessifs seront toutefois particulièrement ciblés.
Les grands intervenants peuvent être rassurés sur le fait qu'ils ne seront pas désignés nommément. Il est en revanche probable que le G20 n'accède pas à leur demande insistante de renoncer à appliquer une décote sur le collatéral apporté pour leurs opérations de pension et de prêts de titres.
Le but de cette première règle globale est d'assurer que le collatéral offre une garantie suffisante en cas de plongeon des marchés.
L'International Securities Lending Association (ISLA) s'y oppose, estimant que cela pourrait perturber le marché, tandis que BlackRock considère que des décotes obligatoires risquent d'accentuer les mouvements de marché.
Le G20 pourrait faire preuve de prudence et laisser la porte ouverte à des aménagements au travers notamment d'une consultation publique ou en promettant de collecter plus de données sur les conséquences de cette mesure avant de la finaliser.
Pour Andres Portilla, cette proposition pourrait relancer le débat sur la pénurie de cash et de collatéral de qualité comme les obligations les mieux notées.
Parallèlement, l'Union européenne publiera le 4 septembre un projet de directive sur la réforme des fonds monétaires préparée sur la base de travaux des régulateurs du G20, emboîtant le pas à des changements similaires annoncés par les Etats-Unis.
Un renforcement des règles a d'ores et déjà été adopté de part et d'autre de l'Atlantique concernant le marché de titrisation qui peine à redémarrer depuis l'éclatement de la crise financière, poussant le G20 à se concentrer sur les moyens de ranimer en toute sécurité cette source clé de financement pour les banques.
Marc Joanny pour le service français, édité par Dominique Rodriguez
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